jeudi 24 septembre 2009

Réchauffement climatique : l’Afrique veillera à ses intérêts à Copenhague

Un sommet sous l’égide des Nations unies se tient à New York dans le cadre de la Semaine du climat. Les Africains seront fermes lors des prochaines négociations sur le changement climatique qui auront lui en décembre à Copenhague. Objectif : préserver leurs intérêts et amener les nations industrialisées, responsables du réchauffement climatique, à tenir leurs engagements envers les pays en voie de développement. Le président rwandais Paul Kagame a insisté ce mardi lors du sommet des Nations unies sur le réchauffement climatique, qui se tient à quelques semaines de la conférence de Copenhague, sur la vulnérabilité de son continent en la matière. « Les pays africains ne soutiendraient pas aveuglément un nouvel accord sur le changement climatique qui ne prendrait pas en compte, les intérêts spécifiques du continent », affirmait le 3 septembre Meles Zenawi à la fin de la session extraordinaire du Forum pour le partenariat avec l’Afrique (FPA) consacrée au changement climatique à Addis Abeba, en Ethiopie. Le Premier ministre éthiopien conduira la délégation africaine des négociateurs lors de la 15e Conférence des parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques prévue en décembre à Copenhague. En prélude à cette rencontre décisive pour l’avenir de la planète, le sommet sur les changements climatiques a débuté ce mardi à New York, à l’initiative des Nations unies qui ont lancé lundi la Semaine du climat. Pour le secrétaire général Ban Ki-moon, ce sommet, le plus important jamais organisé jusqu’ici sur la question, doit être l’occasion pour les leaders « de mobiliser l’élan politique nécessaire pour accélérer les négociations » à Copenhague. Elles devraient aboutir à un nouveau protocole qui succèdera à celui de Kyoto qui expire en 2012. « Il est temps d’agir », a déclaré ce mardi matin le Secrétaire général de l’ONU à l’ouverture du sommet qui a démarré avec la lecture d’un extrait de Pâle point bleu (Pale Blue Dot) du défunt astronome Carl Sagan par l’acteur béninois Djimon Hounsou.

Le nouveau traité doit prévoir des réductions « ambitieuses » des émissions des gaz à effet de serre à l’horizon 2020, la limitation de la hausse des émissions des pays en développement sans compromettre leur croissance et des mesures d’adaptation et d’atténuation du changement climatique pour ces derniers, avec le soutien des nations industrialisées. Le président rwandais Paul Kagame, seul chef d’Etat africain présent à ce sommet, a rappelé que « l’Afrique, tout en subissant des conséquences climatiques plus graves que dans d’autres régions, disposait de moins de ressources que les autres parties du monde pour relever le défi des changements climatiques. »

Les pays développés doivent tenir leurs engagements financiers pour ne pas pénaliser les plus pauvres

Lord Nicholas Stern, le président de l’Institut de recherche Grantham sur le changement climatique et l’environnement, a estimé, lui, le coût d’une action efficace contre le changement climatique en Afrique à 30 milliards de dollars en 2015. A l’horizon 2020, l’enveloppe devrait se situer entre 50 et 100 milliards. Pour aider efficacement les pays africains, l’aide extérieure devrait se concentrer sur la sylviculture, l’agriculture et l’énergie. « Il est crucial que les pays riches honorent non seulement leurs engagements actuels, mais aussi qu’ils trouvent des ressources additionnelles pour faire face au changement climatique des deux prochaines décennies dont sont, en majorité, à l’origine leurs émissions passées », a insisté le président de l’institut Grantham.

En Afrique, les perturbations climatiques auront des effets sur la croissance économique (accroissement de la pauvreté et de la famine), sur la santé des populations et seront source d’instabilité socio-politique (migration et conflits), a indiqué Lord Nicholas Stern. En Afrique du Nord, les problèmes d’approvisionnement en eau devraient être aggravés par une désertification croissante des zones semi-arides. Dans la région de l’Ouest et du centre, les faibles rendements agricoles iront en se réduisant du fait de la sécheresse et les villes côtières seront menacées par des inondations, dont sont aussi responsables les pluies. C’est actuellement le cas, notamment au Burkina Faso, au Bénin ou encore au Togo. En Afrique australe, la sècheresse provoquera l’assèchement de certains bassins fluviaux et un changement du rythme des précipitations est attendu. A l’Est du continent, les averses augmenteront et on devrait assister à une expansion de la zone d’action des maladies à vecteurs et au déclin de la pêche dans plusieurs pays de la sous-région.